Qu'avez-vous fait, M. le Préfet ?
Ce fut un événement d'une force inouïe, comme un typhon dans notre vie commune et sans histoire, enracinée à Villeurbanne après bientôt trois ans de relation suivie, douce et tranquille comme un ciel bleu sans rides avant l’orage… Le cauchemar n’a pas été le fruit d’un mauvais rêve d’une nuit embrumée par les vapeurs d’alcool, mais bien une " expulsion " en très bonne et due forme (!), dans le langage le plus énergique que l’on puisse utiliser. Ah, chère Patrie qui se targue tant d’être l’instigatrice et la meilleure Ambassadrice des Droits de l'Homme !... Mardi 10 janvier 2006 dernier, Dj Robson, 28 ans, d'origine Brésilienne, mon ami depuis le vendredi 4 avril 2003, a été reconduit " manu militari " à la frontière, et ce en l’espace de moins de 48 heures, tandis que nous avions contracté un " Pacs " à la fin de l’été, après moult galères juridico administratives ! Jugez plutôt de l’effet du genre " bavure " préfectorale. TLM en personne (Télévision Lyon Métropole), vivement intéressée par le sujet, accorde à l’événement 1 minute 30 de reportage, à l’occasion de son journal télévisé le soir même (rediffusé maintes fois dans le journal de la semaine). La rédaction titre sans fard : " La communauté brésilienne en colère ". Sur des images prises à l’aéroport de Saint-Exupéry, dans la salle d’embarquement, le drapeau brésilien flotte incongru et maladroit, comme un navire sans gouvernail sur une mer démontée… Quelques-uns de nos amis venus nous soutenir… Mauricio, Marc, Amina et Krikor… Il y a aussi la famille proche de Robson : Marli en pleurs, sa sœur aînée qu’il a rejoint à Lyon en février 2002 ( !), Romario son neveu, accompagné de sa copine Daïana. Il y a aussi Geni, Présidente de l’association de défense des Paysans sans Terre du Brésil, qui rédige un message sur un grand calicot tenu par mon frère Jean-Marie. " Robson a le droit de rester en France… " Jean-Marie en colère y ajoute un sarcastique mais irrépréhensible " Merci Nicolas ! " Wilton et Sébatien, un couple ami franco-brésilien étaient venus les premiers, mais ils n’ont pas pu parler à Robson, de même que je n’ai pas pu même lui faire mes " au revoir ", sinon au téléphone, juste avant qu'il n’embarque. Un policier explique à Sébastien, auquel j’avais remis des effets personnels de Robson : " Si vous parvenez à le convaincre (dixit) de monter dans l’avion, on pourra vous permettre de lui dire au revoir… " Robson avait un instant refusé d’embarquer... Suite aux conseils peu avisés d'un Président d'association de Défense des Etrangers. Nous lui avons finalement conseillé de prendre l’avion. S’il ne l’avait pas fait, il encourait le risque d'être jugé sur le plan pénal avec ce qui pouvait s’ensuivre…